Recherche
Justice pénale des mineurs et protection de l’enfance 2023-2025

Les "attentes de récit" dans l'accompagnement des exilé.es reconnu.es mineur.res. Une recherche ethnographique et collaborative

Résumé

Depuis le début des années 2000, celles et ceux que l’on appelle les Mineurs non accompagnés[1] sont devenus un public significatif de l’enfance en danger, que l’Etat français est en charge de protéger en s’appuyant sur les départements. Selon les données du Ministère de la Justice, ils furent 8054 à être confiés sur décision judiciaire en 2016, 17.022 en 2018, et 14.782 en 2022. L’épreuve de l’exil et d’un parcours migratoire souvent marqué par des violences engendrent une vulnérabilisation particulière qui préoccupe les professionnels en charge de leur accompagnement. Les maux inscrits sur le corps et dans les mémoires peuvent donner lieu à des souffrances multiples qui ne sont pas toujours dicibles. Il faut alors accompagner ces jeunes au vécu singulier en composant, en contournant les barrières à la mise en récit de soi ou en bricolant de nouvelles pratiques. Cette enquête a pour objet les « attentes de récit » (Gerbier-Aublanc, 2019) des professionnels dans l’accompagnement socio-éducatif des jeunes exilés reconnus mineurs, ainsi que leurs usages, invitant à explorer les singularités de la configuration relationnelle qui en découle.

[1] Cette appellation succède en 2016 à la catégorie Mineurs isolés étrangers (MIE)

Une recherche ethnographique et collaborative

L’originalité de cette recherche tient pour partie à la démarche collaborative dans laquelle elle s’inscrit, en s’appuyant sur la communauté de pratiques autour des MNA initiée par l’Espace de recherche et prospective santé social qui regroupe des acteurs impliqués dans l’accompagnement des MNA. La méthode, résolument qualitative, employée dans l’enquête comporte deux volets, garantissant une production de savoirs au plus près des pratiques. Tout d’abord, une démarche ethnographique sera réalisée au sein de deux associations de la région Auvergne-Rhône-Alpes, au sein desquelles une série d’observations sera menée sur différentes scènes de l’accompagnement de ces jeunes. Un troisième terrain sera investigué en vue de contrôler les premiers résultats obtenus par la réalisation d’entretiens. Deuxièmement, les données récoltées sur le terrain seront mises en partage dans le cadre d’un comité de pilotage impliquant des membres de la communauté de pratiques ainsi que des jeunes exilés concernés. Par l’analyse en groupe, l’ensemble des professionnels et des personnes concernées souhaitant s’impliquer dans cette recherche pourront contribuer aux hypothèses, aux interprétations et ainsi co-construire les résultats de la recherche tout en ayant une démarche réflexive sur leurs pratiques et leur expérience.