Recherche
Justice pénale des mineurs et protection de l’enfance 2020-2023

Intimités sous contraintes. Ethnographie d’une jeunesse placée en protection de l’enfance

Résumé

Cette recherche étudie les accomplissements pratiques de l’intimité d’adolescent·es placé·es par un·e juge des enfants, au titre de la protection de l’enfance. Elle s’appuie sur une enquête ethnographique au sein d’établissements de la protection de l’enfance. Trois matériaux complémentaires ont été constitués, entre 2021 et 2022 : les notes méthodiques des journées et soirées d’observation ; les retranscriptions d’entretiens formels et informels avec les adolescent·es placé·es et les adultes de l’institution qui les prennent en charge ; les écrits professionnels (transmissions au·à la juge, notes intermédiaires, évaluations cliniques, projets individualisés pour l’enfant, projets de service et d’établissement). L’approche par théorisation ancrée met en lumière quatre formes de pratiques constituantes de l’intimité juvénile – les pratiques biographiques, corporelles, relationnelles et émotionnelles – mobilisées comme objet de l’intervention institutionnelle. Celle-ci structure le quotidien de cette jeunesse placée et vient cristalliser une tension entre secret et dévoilement de soi, qui pose problème aux enquêté·es, adolescent·es et professionnel·les. L’appropriation d’une intimité s’en trouve contrainte, ce qui affecte, in fine l’accès à la reconnaissance d’une individualité propre pour ces mineur·es usager·ères d’une politique sociale par ailleurs dégradée. Le contrôle institutionnel de l’intimité juvénile agit alors comme un levier pour maintenir les adolescent·es dans des rapports de genre, d’âge et d’assistance dans le cadre de leur prise en charge.

Méthodologie

Ces questionnements sont développés à partir d’une méthodologie qualitative, dans le cadre d’une approche inductive et à l’aide d’outils issus de l’enquête ethnographique :

  • Observations situées au sein de maisons d’enfants, de lieux de vie et d’accueil de jour de la protection de l’enfance
  • Entretiens formels et informels avec les professionnels et les jeunes placés

Equipe de recherche

Cette recherche s’inscrit dans le cadre d’une thèse en sociologie, réalisée par Fanny Westeel, docteure et enseignante-chercheuse à ENSEIS Recherche et membre du Centre Max Weber (UMR 5283). Elle a été codirigée par Christine Détrez, professeure des universités à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, et Marine Maurin, maitresse de conférences à l’Université Lyon 2, toutes deux membres du Centre Max Weber.